Higgs particle
Un film lacrymosa æterna industry
un texte de Lonah


lecture par STF

Le vent est passé, comme un souvenir qui s’échappe et qui se noie dans le noir. Un courant d’air et de songes, une chute silencieuse et presque folle qui a, un simple instant, envahi l’âme d’une nostalgie douce et douloureuse.

Tout autour coulent des couleurs comme coulerait l’oubli. Elles se noient entre elles, se disputent un espace inconnu sans jamais cesser d’avaler le vide. Parfois, l’une d’entre elle semble se cabrer et se prendre de l’espoir insensé d’exister sans ses sœurs, elle s’éveille d’une force invisible et s’étend jusqu’à mordre le noir, dévastant l’équilibre fragile de la chute en une plaie monochrome. Cela ne dure jamais longtemps. A peine a-t-elle empli l’espace que d’autres teintes apparaissent et se traînent comme une vieille maladie, redessinant un nouvel univers aussi fugitif que le précédent.

Tout autour coulent des couleurs, mais au centre il n’y a rien. Il n’est pas même dit qu’il y ait un centre, il faudrait pouvoir toucher le vent du doigt pour s’en assurer mais il s’est déjà enfui.
Tout autour tournent des couleurs, et au centre coule une larme, traçant une traînée blanche et précieuse au milieu de l’oubli. Cette larme est née du rêve, elle n’appartient qu’à elle-même et brûle de ne plus savoir quelle tristesse l’a mis au monde. C’était un regret amer, peut être même une folie qui avait dévoré son nom et creusé sa défaite. La larme divise le monde dans sa chute, elle voudrait s’enfuir mais a déjà oublié.

Le vent est passé et avec lui est tombé Neige, la capricieuse. Elle a dans sa danse dessiné des surfaces, des angles et des profondeurs, elle a bercé le vide dans ses bras et l’a embrassé avec tendresse, donnant des forme à sa tristesse, une vision à ce qui était perdu. Elle a cueillie la larme et en a joué comme on jour d’un diamant, découpant dans le noir des traits nets qui s’égrène en une poussière brillante. Les couleurs se sont réjouies de la danse et en ont embrasé les cadences, jouant de leurs reflets sur le dessin de la Neige.

Tout autour tourne un monde, un univers éclaté et imparfait dessiné à grands coups d’une joie mauvaise. Le songe s’est découvert une architecture de cathédrale comme on découvre une douleur. Des structures glacées trônent sur des horizons mouvants, et le sol s’est couvert de la
poussière des éclats.

Le vent sourie encore et s’en va parcourir ce monde vide et creux, il passe des arbres monochromes et caresse de son souffle les murs qui viennent de naître, il s’enroule autour de l’autel qui trône au centre, s’amusant de saluer ainsi les prémices d’une tragédie.

Il n’y a personne sur l’autel, personne dans cette église.
Les murs se sont encore éloignés, ils tremblent de leur poids.
La poussière a dessiné des dalles blanches sur le sol noir, suivant des axes précis. Les murs ont gardé dans les creux de leurs pierres le souvenir des couleurs qui étaient là auparavant. Elles ont séchées le long des rainures et ont conservé le reflet de leur brillance, dessinant des ombres et des silhouettes absentes.

L’église est vide et froide, et le vent est parti.
L’église est vide et froide, et le vent est parti.